« Donnez-nous de votre huile, car nos lampes s’éteignent. » Matthieu 25, 8

Nous voici de nouveau dans la situation où nous ne pouvons pas nous réunir en communauté dans nos églises pour des célébrations religieuses. L’église (bâtiment) est peut-être fermée de nouveau mais l’église (peuple de Dieu) ne l’est pas car nous sommes le corps du Christ et nous vivons notre foi partout où nous nous trouvons. Nous asseyons de lutter, chacun à sa manière, contre cette épidémie. D’ailleurs, l’église est même souvent en première ligne pour répondre aux catastrophes, tant sur le plan pratique que pastoral. L’expérience des épidémies précédentes a montré que les églises sont particulièrement bien placées pour instaurer la confiance et l’espoir, pour contrer la peur et pour renforcer la résilience communautaire ainsi que la résilience mentale et spirituelle individuelle. Il est vrai que nous vivons, en ce moment, une situation particulièrement difficile. C’est une situation où nous avons besoin de beaucoup d’huile pour garder les lampes allumer.

Peut-être que nous pouvons puiser le réconfort dans les textes de la liturgie de ce Dimanche. La liturgie de ce Dimanche nous parle du monde nouveau que Jésus appelle le Royaume de Dieu. Dans ce monde-là, ce sera la pleine communion entre la création et son Dieu. L’Évangile de ce dimanche nous invite à veiller car nous ne connaissons pas le jour ni l’heure du retour du Christ.

Dès la première lecture, nous comprenons que la Sagesse de Dieu c’est le Christ qui vient à notre rencontre. Il apporte à tous ceux qui le cherchent lumière, joie et espérance. Il illumine notre vie et nous montre le chemin. Le Christ nous rend capables de l’accueillir lorsqu’il se présente dans notre vie. Il se présente chaque jour et nous sommes invités à l’accueillir avec amour et bienveillance. Notre foi doit être une recherche, un désir de Dieu, une ouverture de nous-mêmes qui nous remet en route chaque jour.

Dans l’Évangile, Jésus nous parle précisément de l’avènement du règne de Dieu et du retour du Messie. Dans notre parabole d’aujourd’hui, il se présente comme l’époux qui est attendu par dix jeunes filles. Celles-ci veillent pour partager la joie de la fête. Ce n’est donc pas l’heure terrible du châtiment mais bien plutôt l’heure de la joie. Mais l’époux tarde à venir ; il faut veiller, garder son cœur en état d’éveil. Cette lampe qui doit rester allumée c’est celle de notre amour. L’huile qui ne doit pas manquer c’est la Parole de Dieu et les sacrements qui nourrissent notre vie. Si nous n’avons pas cette huile, notre lampe s’éteint, notre vie ne porte aucun fruit.

L’histoire de ces jeunes filles prévoyantes et imprévoyantes nous fait penser à une autre parabole de l’Évangile : il s’agit de cet homme prévoyant qui écoute la Parole de Dieu et qui la met en pratique. Il est comparable à un homme qui a bâti sa maison sur le roc et qui ne craint ni le vent ni les torrents. Par contre, l’insensé, l’insouciant qui a construit sur le sable s’expose à la ruine. Au lieu de construire sa vie sur Dieu, il a construit sur des valeurs qui n’en sont pas. Il nous fait penser à celui qui dit : « Quand j’aurai du temps, il faudra que je remette de l’ordre dans ma vie. » Pourquoi remettre à « quand j’aurai du temps » ou à « quand je serai à la retraite ? »

         Cet Évangile nous renvoie donc à notre vie : de quel côté sommes-nous ? Des prévoyants ou des insensés ? L’insensé a construit sa vie sur du sable. Il est victime de la folie de celui qui s’oppose à Dieu et qui l’a mis en dehors de sa vie. Il s’est détourné de Dieu. Les sages, les prévoyants sont ceux et celles qui ont choisi de s’installer dans la fidélité. Ils se sont nourris de la Parole de Dieu et des sacrements. Ils se sont donnés du temps pour la prière. Ils ont choisi l’Amour !

L’huile de cette lampe qui doit rester allumée c’est l’amour de Dieu qui doit imprégner notre vie. C’est ainsi que nous entretenons notre désir de Dieu et de son Royaume. En ce moment où il n’y a pas de messes, sachons qu’il y a d’autres façons de rester en éveil. Nos prières personnelles et familiales sont des lieux propices où Dieu se révèle. Nos moments de médiation et de prière personnelles nous permettent de nous réconcilier profondément avec notre humanité afin de pourvoir nous centrer sur la part de divinité qui est en nous. En ce moment où beaucoup, pour ainsi dire, réalisent presque soudainement qu’ils sont mortels, nous avons, en tant que chrétiens, un message d’immortalité à témoigner, un message d’espérance à transmettre.  

Bon Dimanche à tous !