« Seigneur, tu m’as confié cinq talents ; voilà, j’en ai gagné cinq autres. » Matthieu 25, 20

Nous sommes le 33ème dimanche dans l’année. C’est bientôt la fin de l’année liturgique : dimanche prochain, on célèbrera la fête du Christ-Roi, et dans deux semaines, on commencera l’année liturgique 2021.  L’année liturgique se présente comme un cycle complet, un temps durant lequel l’Eglise revit toute l’histoire du Salut en Jésus Christ.

C’est pourquoi, en cette fin de cycle, les lectures de ces jours nous parlent de la fin de l’histoire humaine et du Retour du Seigneur à la fin des temps.

L’évangile de ce Dimanche nous raconte la parabole de talents (Mattieu 25, 14-30)

  • Cet homme qui partait en voyage c’est Dieu
  • Les serviteurs, c’est nous
  • Les talents qui leur à confié c’est quoi ? 

Au-delà de la compréhension moderne du mot “talent” comme “habileté” ou “disposition”, le terme signifie bien que ce qui est laissé aux serviteurs a une grande valeur.  Si nous acceptons que cet homme qui partait en voyage était Dieu, nous remarquons qu’en confiant tous ses biens, il ne peut offrir que ce qu’il a de plus précieux : son Esprit, son Amour, sa Vie.  Toute la création. Le monde.  Un monde qui ne nous appartient pas nous est remis entre les mains, sans consignes particulières, et il nous faut le prendre en charge : on nous en demandera des comptes ! Ce monde c’est aussi bien ma propre vie, qui ne m’appartient pas mais dont je suis responsable, que les gens qui m’entourent, le monde des hommes à faire évoluer, mes frères et soeurs et, bien sûr, le trésor de la Bonne Nouvelle dont je dois veiller à ce qu’il porte beaucoup de fruits…Les serviteurs reçoivent ainsi la perle de grand prix, un trésor.

Que Signifie le départ du maître ? Son départ pour un long voyage est un enseignement sur “l’absence” apparente de Dieu dans nos vies. Dieu ne gère pas nos vies à notre place, il nous donne la liberté, il nous fait confiance ; Il nous convie à être co-gestionnaire de sa Création en quelque sorte. Il nous élève à sa hauteur en nous voulant responsables. Mais en aucun cas nous aurions à prendre sa place.  En aucun cas nous aurions à lui faire un coup d’état pour prendre sa place.

Trois choses à souligner avant de continuer.

  1. Le retour non annoncé au départ
  2. La gratuité de ce talent donné…
  3. Le non-respect de la justice sociale dans la distribution de ce talent.5,2,1…Ce qui intéresse le maître ce n’est pas la justice à la manière des hommes. Il donne à chacun selon sa capacité. C’est vrai que ce genre d’inégalité de distribution peut nous paraître bizarre, surtout dans une société moderne comme la nôtre qui revendique haut et fort l’Egalité.

Qu’est-ce qui intéresse donc  le maître ?  C’est Qu’as-tu fait avec ce que tu as ? (de la vie, de ton frère, de la création ?).  Voilà les grandes questions…  Nous, à qui on a beaucoup donné, il est de notre devoir de prendre au sérieux cette responsabilité offerte par le Créateur. Elle comporte de la joie, celle de participer, d’œuvrer et d’accomplir. Elle comporte aussi de la difficulté : échec, épuisement, renoncement.

          Il est à noter que cette responsabilité se termine un jour par le retour du Voyageur ; “longtemps après” signifiant qu’il faut attendre la mort des serviteurs pour un débriefing final. Ce qu’offre en retour les deux premiers serviteurs comble de manière identique le maître. Dieu n’attend pas de nous d’aller au-delà de nos limites humaines et il reçoit avec autant de bonheur les grands comme les petits quelles que soient les capacités mises en jeu. Un saint est autant aimé de Dieu qu’un simple croyant bon et fidèle. Tout ce que demande Dieu c’est la bonté et fidélité.

         Il a trouvé bon et fidèle, les deux premiers serviteurs qui ont fait fructifié leurs talents. C’est pourquoi il leur a dit « Tu as été fidèle pour peu de choses, je t’en confierai beaucoup ; entre dans la joie de ton maître ».

         Quant au serviteur mauvais qui n’a rien fait de son talent, qui a enfui ses talents, les mots sont très durs : jetez-le dehors, dans les ténèbres” ! Mais le sens n’est pas à chercher du côté de la punition. L’expérience humaine nous dit que celui qui n’accueille pas la Vie et ne la fait pas fructifier, se trouve tôt ou tard les mains et surtout le cœur vide… C’est en donnant que l’on reçoit – sinon on perd même ce que l’on pensait avoir… car devant l’éternité seul l’amour accueilli et donné sera notre richesse…Ne rien faire, de façon à ce qu’on n’ait rien à nous reprocher… c’est justement ça qui nous serait reproché, et plutôt sévèrement.

Bon dimanche à tous !